Rencontre du 18 juin 2015 avec Cyril Meunier à la Mairie de Lattes
Cyril Meunier : Maire de Lattes, Conseiller Départemental sur le canton n°10 : Pérols, Lattes, Saint-Jean de Védas, Lavérune, Juvignac,
Vice-Président de la métropole de Montpellier et Président de la commission Environnement, Aménagement et Urbanisme, Prévention des risques majeurs
Membres du « collectif Ligne 5 » : Marie-Christine Cavadore (Collectif Ligne 5 Lavérune), André Reyne (La Ligne 5, c’est maintenant), Éliane
Urtado (Association PAVé, Montpellier Clemenceau).
Cyril Meunier introduit la rencontre en décrivant tout d’abord la situation économique, politique de la Métropole et en sa qualité de Maire de Lattes, les avantages et les inconvénients de la
présence du tramway sur sa commune.
- Contexte budgétaire : L’ État demande aux collectivités territoriales de participer au remboursement de la dette. Il nous donne deux exemples : la Ville de Lattes va devoir
verser à l’État 400 000 € en 2015, 800 000 € en 2016 et 1 200 000 € en 2017 ; pour la métropole de Montpellier, les versements s’élèvent à 15 millions d’euros la première année, 30 millions la
seconde année et 50 millions la troisième année. Cela signifie que la dimension gestionnaire des collectivités territoriales prend le pas sur les choix politiques.
- Contexte politique : Philippe Saurel a fait la promesse électorale de ne pas faire traverser le Parc Montcalm par la ligne 5. Selon lui, cette option dénaturait le Parc et ne
permettait pas non plus de bien irriguer les commerces proches de la ligne 5.
En tant que maire de Lattes, il regrette l’arrivée du tramway au centre de sa commune pour les raisons suivantes :
- Les lattois utilisent très peu le tramway pour se rendre à Montpellier. Le tramway fait le plein le matin avec les lycéens qui le prennent jusqu’à la zone commerciale mais qui doivent ensuite
terminer à pied parce qu’ils n’ont plus de bus. D’ou l’importance de bien réfléchir sur le rapport coût/qualité de service. Un bus coûte moins cher et permet donc un plus grand nombre de
rotations. Face à la pénurie financière qui va sévir encore pendant deux ou trois ans, un bus est plus rapidement envisageable parce que moins coûteux à réaliser qu’un tramway.
- Certains riverains se plaignent du bruit occasionné par le passage du tramway.
Certes, le tramway constitue une colonne vertébrale en terme d’urbanisme mais actuellement, la métropole n’a pas le financement ad hoc pour réaliser la ligne 5, malgré son intérêt incontestable
pour :
- lutter contre l’asphyxie des communes de l’ouest due à l’intense circulation automobile,
- desservir les nombreux logements réalisés ou en voie de réalisation ; notamment les logements sociaux dans lesquels résident des populations utilisant les transports en commun et ne possédant
pas forcément un véhicule personnel,
- faciliter la fluidité des activités économiques, et l’installation d’entreprises dans les communes limitrophes de Montpellier,
- permettre aux élus de ces communes d’honorer les engagements qu’ils ont pris vis à vis de leurs concitoyens,…
Le Collectif ligne 5 : En période de choix drastiques à faire au niveau budgétaire, pourquoi envisager le prolongement de la ligne 1 vers la gare de Mogère qui n’existe pas,
plutôt que de privilégier la ligne 5 de tramway qui concerne de nombreux habitants de la métropole ?
Cyril Meunier : La décision d’adopter un moratoire vis à vis de la ligne 5 ne signifie pas son abandon. Le premier tronçon qui pourrait être réalisé sera vraisemblablement celui
destiné à desservir Agropolis car son coût sera peu élevé. Par la suite, il faudra prolonger la ligne 1 pour desservir la gare de Mogère. Elle se fera puisque la métropole est engagée par un
contrat public-privé. Pour se dédire, il faudrait payer 2 milliards de pénalités. Cette gare permettra d’inscrire Montpellier sur les grandes lignes ferroviaires européennes.
Le doublement de l’A9, par contre, n’apportera strictement rien à la métropole puisqu’il n’y aura aucune bretelle d’accès vers Montpellier et les communes limitrophes. Les véhicules ne feront
plus un arrêt sur Montpellier.
Quant à l’Ouest de Montpellier, le tout tram ne s’impose pas et serait une erreur. Il faut envisager plutôt des bus pour l’Ouest de Montpellier. Ils sont plus efficaces et plus rapidement
réalisables parce que moins coûteux en investissement.
Il réaffirme qu’il est pour la ligne 5. Mais il n’est pas favorable au tout tramway. Il faut revoir le projet. Mettre des bus sur certains trajets est tout à fait approprié.
Le Collectif ligne 5 : Les membres du collectif ont évoqué des éléments fournis par des experts locaux dans le domaine du transport et notamment le tramway. Des études ont été
réalisées démontrant que sur le long terme même si le tramway coûte plus cher en investissement, il revient moins cher en budget de fonctionnement. Il est rappelé que lors des dernières élections
Cyril Meunier a défendu la ligne 5 de tramway de Clapiers à Lavérune.
Cyril Meunier : Je suis pour la ligne 5 mais pas tout tram. Il ne faut pas oublier dans cette évaluation le coût de l’amortissement des emprunts : au final, avec un
investissement et un amortissement moindres, le service rendu à l’usager via le bus est plus intéressant sur certains tronçons parce qu’il permet des rotations plus fréquentes.
Le Collectif ligne 5 : Les usagers empruntent moins facilement un réseau de transports en commun (bus-tramway) qu’une ligne directe de transport (tramway seul, par
exemple).
Cyril Meunier : Ce n’est pas un problème : les quais sont adaptés aux correspondances entre différents transports en communs.
Le Collectif ligne 5 : Certaines villes ont réalisé des lignes de tramway beaucoup moins chères au kilomètre.
Cyril Meunier : Il faut comparer ce qui est comparable : à Montpellier, la reprise des réseaux est très onéreuse compte tenu de leur configuration particulière. Des villes sont
aussi tout à fait satisfaites de leur réseau de bus en voie dédié : Nîmes par exemple.
Le Collectif ligne 5 : Que dire aux habitants de Saint-Jean de Védas, de Lavérune, et de tous ces habitants de l’Ouest de Montpellier qui traversent quotidiennement ces communes
et qui sont bloqués dans les embouteillages ? C’est un réel problème d’autant que le contournement ouest ne se fera pas dans les toutes prochaines années ; le rond point de Genneveaux est un
carrefour très encombré qui relie deux autoroutes la A75 et A7. De plus, la route de Lavérune est très étroite sans piste cyclable ce qui rend difficile l’accès sur Montpellier.
Cyril Meunier : On peut envisager d’effectuer des travaux de réaménagement de ce carrefour avec un agrandissement de la route de Lavérune.
Le Collectif ligne 5 : En forme de conclusion, nous pouvons dire que la situation de Lavérune à l’ouest de Montpellier et de Clapiers au nord-est, ne sont pas comparables à celle
de Lattes centre qui n’est pas le passage obligé d’autres communes. Lavérune est traversé par des habitants d’une dizaine de communes pour rejoindre leur lieu de travail et tous les
établissements administratifs, hospitaliers, scolaires et universitaires de Montpellier.
Avec la ligne 5, les populations concernées pourront laisser leurs véhicules dans les parkings de délestage pour se rendre directement à Montpellier en tramway. Il est moins sûr qu’elles laissent
leur voiture, pour emprunter un bus, puis un tramway car chaque correspondance augmente de façon importante le temps de transport